Déformations
"Le crayon", ou Tour Part-Dieu, à Lyon
Sur une idée du "défi du samedi", dont la photo-sujet se trouve ici (cliquer)
Nul ne savait réellement quand le manège était apparu.
La seule chose dont étaient sûrs les premiers passants matinaux, c'est qu'il n'était pas ici la veille. Peut-être même n'était-il pas là il y a cinq minutes ! Ils ne savaient pas encore qu'il n'y serait bientôt plus.
Nul ne sait d'où il venait. Et d'ailleurs, ne s'agissait-il pas d'une simple illusion ? Il donnait l'impression d'être là sans y être vraiment, comme nimbé d'une aura de surnaturel. Pas forcément inquiétant... Juste dérangeant.
Les premiers enfants, légèrement intimidés, se sentaient irrésistiblement attirés par toutes ces couleurs suspendues dans le ciel, qui dansaient doucement au gré d'une très légère brise. Un son de chaîne cliquetait parfois, juste une note ou deux. Les personnages semblaient leur faire des clins d'oeil mais les parents ne s'en rendaient pas compte. Eux trouvaient juste ça étrange, ce manège planté là, sans personne aux commandes, venu de nulle part ; il faut être un enfant pour se contenter de la magie sans se préoccuper de savoir d'où elle vient !
Quittant la main qui les retenaient, les enfants approchaient, presque à pas de loup, ne sachant trop s'ils avaient peur d'effaroucher cette apparition... ou s'ils avaient peur tout court. Mais la curiosité prenait le dessus, bien entendu.
Les plus hardis avançaient toujours, et en avançant ils sentaient naître des rêves dans leur têtes. Un peu diffus mais au couleurs du manège, ils en étaient certains.
Les ballons semblaient bouger un peu plus, comme s'ils s'éveillaient.
Et même...
Oui, ce n'était pas une illusion, le manège commençait à tourner !
Un premier à-coup. Un deuxième... Ca y est, il tournait vraiment. Lentement mais il tournait.
La fascination prenait le pas sur la crainte, les plus téméraires des enfants entraînaient inconsciemment ceux qui hésitaient encore et une ronde d'enfants émerveillés se formait, captivés par ces personnages qui se mettaient à sourire et à danser, subjugués par ces ballons qui volaient de plus en plus haut, de plus en plus vite, comme s'ils riaient et s'amusaient.
Et les rêves continuaient d'affluer, des rêves étranges.
Ou plutôt non...
Pas des rêves étranges mais des rêves étrangers !
Des rêves que les enfants ne se souvenaient pas avoir jamais imaginés, des rêves inconnus. Des images de lointains pays jamais visités, des jeux et des aventures jamais encore inventés.
Le manège disparut.
Il restait une ronde d'enfants qui ne savaient pas pourquoi ils étaient là formant ce cercle.
Il restait également des rêves inexplorés, tapis dans quelques recoins de leur tête, des rêves qui reviendront dans leurs nuits sans qu'ils ne sachent d'où.
Ils ne le savaient pas mais des rêves avaient également disparu, emportés par un manège que tous avaient déjà oubliés, des rêves qui allaient se poser ailleurs.
Peut-être même s'étaient-ils déjà posés.
Les parents récupéraient leurs enfants, se demandant s'ils n'avaient pas rêvé. Les enfants reprenaient les mains tendues, les yeux pleins de rêves.
Le manège avait disparu, le manège était reparti semer ses rêves en un ailleurs inconnu...
Un week-end pour jouer, pour petits et moins petits.
La mer était d'un calme plat
Le ciel était d'un bleu azur
Les voiles par le vent point n'étaient gonflées.
Bah au moins, ceux qui n'ont pas le pied marin n'ont pas souffert ni du tangage, ni du roulis !
Les plus hardis s'essayaient à l'escalade. Je soupçonne même que certains faisaient la course !
Visiblement il faisait trop chaud pour réfléchir !
Même si une tour étrange pouvait en laisser certains perplexes...
Les plus malins quant à eux s'étaient trouvé une place à l'ombre.
Manque de chance, c'est la place qu'avait choisi le professeur.
Allez hop, au boulot tout le monde, interro après le cours :-D
Au travers du feuillage oscillant sous le vent
Le soleil les épiait, déposait les caresses
De quelques rayons d'or dans leurs yeux se levant
L'un vers l'autre, emplis de timide maladresse...
Je ne sais quand le temps a stoppé son élan
Autour de ces deux corps enlacés d'une étreinte
Eternelle ni quand leurs lèvres se mêlant
Ont perdu à jamais tout arôme de crainte
Dans leurs yeux enflammés le soleil est jaloux !
Même lui si luisant n'est qu'étoile lointaine,
Même lui si brûlant n'est plus rien qu'âtre flou,
Tout au plus une braise à la vie incertaine.
Ils semblent ne rien dire et se parlent pourtant
Qu'ont-ils dans le regard qui si fort les envoûte ?
Des parfums éternels ensemble les portant
En un souffle éthéré que chaque feuille écoute ?
Ils ne font qu'un à deux même dans leurs soupirs,
Leurs bouches sont de feu, s'attisent en silence,
S'effleurent tendrement avant que de s'offrir
En un mouvement peint d'un soupçon d'insolence...
Je ne sais si le temps reprendra son élan
Les sortant peu à peu de ce périple tendre,
Duquel ils reviendront le corps encor tremblant
De ce plaisirs brûlant que le désir engendre.
Les nuages au loin ont stoppé leur chagrin
Et gardent pour plus tard le reste de l'averse
Sous la sombre couleur de ces reflets d'airain
Qui sans le moindre mot à terre se déverse
Le temps s'est arrêté entre leurs yeux fiévreux
Qui content la passion en ce troublant manège;
Le temps s'est arrêté et ils en sont heureux,
Ne les dérangeons point ce serait sacrilège.
Le 09/11/2011 © JFP